Ce mercredi à 21h (heure française), le Real Madrid affronte le Paris Saint-Germain en demi-finale de la Coupe du Monde des Clubs. Un choc XXL, mais aussi un duel inédit entre deux techniciens espagnols que tout oppose… ou presque : Xabi Alonso face à Luis Enrique.
Un Basque contre un Asturien. Le benjamin des bancs madrilènes (43 ans) face à un stratège plus expérimenté (55 ans). L’enjeu ? Une place en finale du Mondial des Clubs. Les États-Unis seront le théâtre de cette affiche entre les deux derniers vainqueurs de la Ligue des Champions : le Real Madrid (2024) et le PSG (2025).
Et si les projecteurs seront sans doute braqués sur Kylian Mbappé, qui retrouvera son ancien club, un autre affrontement s’annonce tout aussi captivant : celui des idées, entre deux entraîneurs au style affirmé.
Deux parcours, deux trajectoires… une réussite commune
Luis Enrique a entamé sa carrière de coach en 2008 avec la réserve du FC Barcelone. Depuis, il a remporté deux Liga (2015, 2016), une Ligue des Champions avec le Barça (2015) et une autre avec le PSG (2025). De son côté, Xabi Alonso n’a débuté qu’en 2019 avec la Real Sociedad B, mais il a explosé à la tête du Bayer Leverkusen avec un triplé historique en 2024 (Bundesliga, Coupe et Supercoupe d’Allemagne). À peine arrivé à Madrid, le Basque imprime déjà sa marque.

Un style similaire, des systèmes différents
Entre les deux Espagnols, un même socle idéologique : un football basé sur la possession, le pressing haut et le contre-pressing agressif dès la perte de balle. Luis Enrique en a fait l’ADN de ses équipes, que ce soit au Barça, à la Roja ou au PSG. Alonso, lui, a perfectionné ce style à Leverkusen et l’exporte désormais au Real Madrid.
Pourtant, leur mise en œuvre diffère. Luis Enrique privilégie un jeu plus positionnel, parfois en 4-3-3 ou 3-4-2-1 selon les profils, tandis que Xabi Alonso, avec son “Xabi-ball”, varie les structures (3-4-3, 4-2-3-1), mais reste fidèle à l’intensité, aux transitions rapides et à la verticalité maîtrisée.
Des retrouvailles 20 ans plus tard
Sur le terrain, Xabi Alonso et Luis Enrique ne se sont croisés que deux fois en tant que joueurs : en 2001 (victoire 3-0 du Barça) et en 2003 (3-3 entre la Real Sociedad et le Barça). Deux décennies plus tard, les voilà opposés sur un banc, avec pour objectif d’écrire une nouvelle page de leur histoire… et celle de leur club.
À New York, ce choc ne sera pas qu’une revanche pour Mbappé ou un simple choc d’egos européens. C’est aussi une bataille d’idées entre deux visages du football espagnol moderne.
Deux systèmes, deux philosophies de terrain
S’il existe bien une différence tactique majeure entre les deux hommes, elle réside dans le choix de leur système de jeu. Xabi Alonso, grand adepte du 3-5-2, l’a perfectionné au Bayer Leverkusen avant de commencer à le distiller progressivement à Madrid. Cette formation à trois centraux, soutenue par deux pistons offensifs, offre équilibre et densité dans toutes les zones du terrain. En l’espace de quelques semaines, elle a déjà permis au Real d’afficher une vraie cohérence collective.

À l’inverse, Luis Enrique reste fidèle à ses principes historiques. L’ancien sélectionneur de la Roja privilégie toujours le 4-3-3, un système qui a accompagné l’essentiel de sa carrière de coach, que ce soit au Barça, avec l’Espagne ou désormais au PSG. Et fidèle à sa philosophie, il évolue souvent sans véritable numéro 9, misant plutôt sur la mobilité, la créativité et l’intensité des appels dans les zones offensives. Une signature bien connue.
Ce mercredi soir, tous les regards seront tournés vers les choix tactiques de Xabi Alonso. Reproduira-t-il son schéma fétiche en 3-5-2 ? Tentera-t-il une version plus prudente en 4-4-2 ? Ou bien cherchera-t-il à répondre directement au système parisien avec un 4-3-3 miroir ? Face à lui, Luis Enrique ne devrait pas déroger à sa ligne de conduite : pressing haut, possession rapide, latéraux offensifs et un faux neuf au cœur du jeu.
Le parfum d’un Clasico… en terre américaine
Au-delà des considérations tactiques, ce duel aura aussi des relents de Clasico, cette rivalité qui oppose depuis toujours le Real Madrid et le FC Barcelone. Un fil rouge qui traverse la carrière des deux coachs. Si Luis Enrique a porté les deux maillots en tant que joueur – au Real (1991-1996) puis au Barça (1996-2004) – c’est surtout sur le banc blaugrana qu’il s’est forgé une identité forte, entre 2014 et 2017. Des années où, ironie de l’histoire, Madrid a dominé l’Europe en remportant trois Ligues des Champions.
Xabi Alonso, lui, est l’un des visages les plus respectés du Real version 2010. Entre 2009 et 2014, il a incarné la rigueur madrilène, avec à la clé une Décima inoubliable en 2014. Son passage au club est resté dans les mémoires comme un exemple de professionnalisme et de science du jeu.
Si le match oppose officiellement le Real Madrid au Paris Saint-Germain, il y aura donc en filigrane une opposition aux allures de Clasico, cette fois exportée en sol américain. Une bataille générationnelle, tactique et symbolique entre deux figures majeures du football espagnol.
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